Dans ce blog, je traduirais à la volée certains textes anglophones qui ont un rapport plus ou moins direct à l'autisme. Il y aura toujours la source du document original et, ma foi, n'étant pas le roi des traducteurs ( ni le prince de l'orthographe), toutes corrections, propositions, modifications sont les bienvenues dans les commentaires en attendant que Babelfish s'améliore. L'image ci-dessous est un brainbow de souris, des neurones en couleurs si vous voulez.


Mostly, this blog will be about translating into french some texts written in english, by some autistic people. I think that translating this texts would be a fair-use, as long as french people don't get into english and waiting for babelfish to improve. BUT, if you do not want to have your texts on this blog, just say it in the comments and i will remove it from here. The image above is some colorful neurones, from a mouse brainbow.

mercredi 5 mai 2010

Un avant-poste dans nos têtes ( extrait)

source.

C'est dur
de combattre un ennemi qui a ses avant-poste dans nos têtes — Sally Kempton.

" (...) Il est plus facile d'écrire à propos des marques que les médicaments et les électrochocs laissent sur le cerveau ou à propos de celles que les instruments de contention et les coups laissent sur le corps, plutôt que d'écrire à propos des marques de l'environnement institutionnel et des marques que le contrôle psychothérapeutique laisse sur l'esprit. Les premiers sont solides et quantifiables ; les autres sont insaisissable, sans substance, et parfois plus terrifiants et plus durables.

Je fais un cauchemar récurent. Je suis dans un immeuble magnifique, dans une ambiance feutrée et badine. Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été là. Tout ce dont je pourrai avoir besoin est là. Il n'y a pas de cadenas sur les portes. Des gens me suivent partout ; mais juste hors de ma vue, afin de me donner une illusion de liberté. Ils veulent le meilleur pour moi. Je peux sortir et allé jouer dans les bois, et je grimpe aux arbres. Et ils me traitent comme une enfant. Tout est parfaitement contrôlé. Rien ne semble mauvais, mais rien ne semble vraiment bien, non plus. Tout le monde est doux et très gentil et très indulgent, mais il n'y a pas de liberté. Nulle part. Cela fait de l'apparent bonheur de cet endroit une chose vide, superficielle, et fausse. Cela, pour moi, c'est l'essence des horreurs intangibles dont j'ai peur. C'est seulement quand je me réveille de ce cauchemar que je réalise que c'est un cauchemar, et c'est ce qui le rend encore plus effrayant.

Les aspects les moins tangibles de l'institutionalisation me sont revenus en force la semaine dernière. Pendant une période de flashback, la mauvaise personne a vu que j'étais en train d'avoir des problèmes. J'ai passé la nuit et une partie de la journée suivante dans un service psy, avant même que je ne puisse, en même temps que mon équipe, les convaincre que j'étais mieux dehors. Si je n'étais pas dans le système des services de développement, j'aurais pu resté là, mais les services psy n'aiment pas avoir à affaire aux personnes avec des handicaps du développement. Toutes les horreurs réelles, mais inquantifiables, me sont revenus en force, même pendant ce court séjour, et elles doivent être documenté sûrement autant que les horreurs quantifiables.

J'aurais aimé être celle qui les documente complètement. J'ai essayé, mais à chaque fois que je m'y mets, les mots glissent hors de mon esprit et je me remplit d'un effroi inquiet et de l'odeur de cet endroit. J'ai essayé autant que je pouvais — ici et ailleurs — sous forme de liste :

- Contrôle.

- Infantilisation.

- Surveillance permanente.

- Peur du personnel soignant à cause de ce qu'ils peuvent faire, et peur des autres internés à cause du personnel soignant.

- Odeurs.

- Hurlements.

- Mendier pour des choses basiques et pour des " privilèges" qui, à l'extérieur, sont vus comme des droits.

- Rechercher impatiemment de minuscules choses pour sortir d'une monotonie dont il est impossible de sortir.

- Voir tout ce que l'on fait dit et pense être transformé en terme psychiatrique ( " Non, non, je suis pas angoissée de ne pas avoir mes médicaments, je sais juste que prendre du retard avec ça me donne des migraines, et je ne connais personne qui aime les migraines ").

- Être séparé de tout et de tous ceux qui vous sont familiers.

- Ne pas autoriser ma propre équipe, militants et interprète cognitif ( auquel j'ai droit , aussi certainement qu'un interprète du langage des signes pour un sourd-muet, selon l'Acte des Américains Handicapés), et les voir se battre pour rentrer en dehors des heures de visites.

- Avoir des gens qui contrôlent où, quand, si et comment je peux parler avec des gens proches et des militants/défenseurs [advocates en anglais, ndt]

- Désapprobation de la camaraderie entre internés ou entre internés et équipe soignante.

- Catch-22 sur les émotions exposée— toutes les émotions exposée ont un label psychiatrique correspondant, mais le manque d'émotions exposé est considéré comme un signe de dépression.

- Que l'on vous dise ce que vous êtes " réellement" en train de penser et de ressentir, opposé à ce que vous êtes en train de penser et de ressentir.

- Voir ses motivations constamment interrogées et examinées minutieusement.

- Langage inversé : " s'impliquer dans le programme " est un " bon pas en avant vers l'indépendance " mais prendre vos propres décisions est " désobéissant" , " manipulateur " ou " cherchant à attirer l'attention".

- Dans ce cas précis, une certaine incapacité de l'équipe soignante à saisir que j'avais été vraiment maltraitée durant de précédents internements et que je ne faisait pas juste penser que je l'avait été, (quand on me l'a demandé, j'ai raconté des expériences d'horreur proches de la mort ; je savais qu'ils ne comprendraient pas les subtilités), et que cela était principalement perpétré par l'équipe soignante et non par les autres internés.

- Suppositions de la part du personnel soignant que si des maltraitances ont été commise contre moi au sein du système psychiatrique, alors, c'était de ma faute, et de poser des questions sur ce j'avais fait pour les provoquer.

- Bavardage condescendant de l'équipe soignante qui pensent être sympa mais qui deviennent soudainement ronchon si vous montrez le moindre signe de ne pas apprécier cette conversation.

- Essayer fort de ne pas se faire remarquer, jamais.

- Savoir que si je reste ou si je part dépend du désir des autres ainsi que d'autres facteurs arbitraires, et que de faux rapports peuvent être facilement écrits et justifiés.

- Savoir que les clefs de ma maison et mon porte-feuille sont dans un casier dans le bureaux des infirmières.

- Peur de penser par soi-même ou de ressentir ses propres sensations, et un questionnement constant pour savoir s'ils sont réels ou bien illusions.

- Peur de dire ce que l'on pense— et parfois être grondé— comme un enfant ingrat.

- S'entendre dire sur un ton paternaliste, ô combien vos actions et vos pensées sont importantes, comme si vous n'étiez pas au courant de ce fait.

- Savoir — d'expérience — que si je reste trop longtemps ici , je devrais soit tuer tout désir de liberté ; soit devenir folle furieuse, violente et auto-destructrice et risquer de mourir ou d'être gardé encore plus longtemps.

- Savoir que le monde entier tolère toujours cela, soit en appelant ça " traitement" et " nécessaire ", soit en y pensant tout simplement pas.

- Contrôle.

- Contrôle.

- Contrôle.

Copyright © A M Baggs, 2003


2 commentaires:

  1. Au fait, je suis content que tu aies commencé à traduire les textes d'Amanda Baggs!

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  2. c'est gros travail
    Bravo
    Cend

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